MELTY : Je ne serai jamais mature

Nous avons pu rencontrer Keen'V pour parler de Saltimbanque, de ses projets futurs, de son avis sur le monde de la musique et de ses diverses passions !


Nous avons rencontré Keen'V dans un bel hôtel parisien, après une journée d'interviews. Ouvert, sincère et très amical, il nous a délivré toutes ses impressions sur son métier d'artiste, sur son avenir dans le milieu, et aussi d'autres de ses activités, extra-professionnelles dirons-nous. Un homme fort agréable qui semble les pieds sur terre, et qui vit pour ses fans et sa musique. Respect.

melty.fr : Salut Keen'V. Beaucoup d'artistes en promo utilisent souvent les mêmes mots pour parler de leur dernier album : "c'est mon plus personnel, mon plus mature, etc". Peux-tu nous donner un mot, exceptés ceux-ci, pour caractériser au mieux "Saltimbanque" pour toi ?

Keen'V : Salut ! Pour te répondre, de toute façon, je n'utiliserai jamais ces mots ! Je ne serai jamais mature. Justement, Saltimbanque est le plus immature. Pour te donner un mot, je dirais "abouti". C'est un peu bateau, mais je suis allé plus loin que d'habitude dans mes délires. Je faisais plus attention auparavant.

Pourquoi t'es-tu plus lâché pour celui-ci ?

Je me suis dit : "de toute façon j'en ai déjà fait quatre, c'est bien". Après c'est que du bonus.

Justement, tu avais précisé il y a maintenant deux ans que tu comptais arrêter au bout du cinquième opus. Alors, c'est fini ?

Non, maintenant je me suis mis sept en tête. En fait, c'est plus compliqué : j'aurais aimé arrêter au cinquième, mais c'était finalement par lâcheté. Je me disais que j'allais arrêter avant que l'on me demande d'arrêter. Et je ne trouve pas ça très juste. Le public me le rend trop bien, ce sera à eux de décider. Je le vivrais mieux qu'eux. Il y aura plus de monde de triste si j'arrête, que si je me retrouve seul à être triste d'arrêter selon leur choix. En bref, ils m'ont tellement donné que je peux bien leur accorder ça.

Pourrait-on dire que tu es accroc au succès ?

Ah pas du tout ! A la musique oui, mais au succès, jamais. Il faut être bizarre pour être accroc au succès.

Et justement, si un jour tu venais à ne plus avoir un succès commercial, continuerais-tu dans la musique, et si oui, dans le même genre que ce que tu peux faire actuellement, ou est-ce que tu t'autoriserais un peu plus de choses ?

Je m'autorise déjà plein de choses. En réalité, je fais un peu ce que je veux, on me fout la paix. Les singles doivent effectivement être grand public, puisque c'est la cible qu'il faut toucher avant tout. Mais en réalité, on me laisse faire et dire ce que je veux. Regarde, on m'a laissé faire "Conte de Fée". J'étais bourré, donc niveau autorisation, on est large. J'essaie de faire un peu de tout musicalement, mais les thèmes restent sensiblement les mêmes. Quand tu écoutes bien un chanteur, généralement ce sont les mêmes thèmes qui reviennent, ça fait partie de l'identité de la personne que tu écoutes. Donc pour répondre à ta question, je pense que je continuerais de faire de la musique, mais pour moi. Ou alors je produirais d'autres personnes. C'est ça, ou sinon je m'isole sur une île déserte loin de tout, à manger des noix de coco. Je me vois bien faire ça, tiens.

Pour continuer sur les thèmes abordés dans tes chansons, pourrais-tu nous expliquer quelle en est la part autobiographique ?

Ça dépend des chansons, mais s'il n'y avait pas une part de moi qui ne pensait pas ce que je chante, je ne le ferais pas. Au final, tout est toujours un peu autobiographique, pas nécessairement dans les faits, mais dans le ressenti.

As-tu d'autres projets extra-musicaux ?

Je t'avoue que la musique me prend déjà 99% de mon temps. Je n'ai pas le temps de penser à autre chose ! Ce n'est absolument pas un reproche : je fais de la musique comme d'autres vont à la salle de sport, font du cheval. Moi je ne vais pas au studio parce que j'en ai besoin, mais parce que c'est à côté de chez moi et que j'y passe les trois quarts de mon temps car j'ai envie d'y aller. C'est aussi pour ça que je sors des albums aussi régulièrement, c'est parce que je produis tout le temps ! Mais c'est vraiment un plaisir.

Et si tu avais à choisir entre le processus d'écriture studio et la scène ?

Le studio, parce que ça peut durer plus longtemps.

Tu penses en durabilité ?

La scène c'est le public. S'il ne t'aime plus, plus personne ne vient te voir. Le studio, je peux toujours en faire même si personne ne m'écoute. Ça me fera toujours plaisir. L'avantage du studio, c'est qu'on peut le faire pour les autres aussi !

D'ailleurs, s'il y avait un artiste vivant (français ou international) avec qui tu adorerais faire un duo, lequel serait-ce ?

En fait, je ne fais ça qu'avec mon entourage. C'est un choix parce que j'ai envie qu'il y ait une réelle affinité avant de faire un duo. Je n'ai pas envie de faire un duo pour ramasser des followers. Ça ne m'intéresse pas. Mais si je remonte trois ans en arrière, je t'aurais dit Zaho. Je trouve qu'elle a un univers, une voix, elle a réellement quelque chose. Sinon, je pense aussi à Megan Trainor : elle a réussi à faire un style proche des années 60 avec du ragga. Sur le papier, ce concept c'est un peu du foutage de gueule. Et elle a réussi à le placer de manière très subtile.

Pour aborder autre chose que la musique, même si tu dis qu'elle te prend 99% de ton temps, quelle est ta passion alternative ?

Les voyages. Dès que j'ai des vacances, je pars. J'ai une semaine de vacances à la fin de la semaine, je t'avoue que j'en ai besoin. Parfois, tu as cette nécessité de te déconnecter de tout pour pour reprendre sur toi, pour apprendre à te connaître à nouveau, et puis tu reviens reboosté.

C'est ça le plus dur dans ton métier pour toi ?

J'ai la chance de vivre de ma passion. Par contre, quand tu fais 500 kilomètres de route pour aller faire une date, là c'est plus de la passion. Tu n'es pas passionné non plus quand tu dois faire face à des galères sur scène, et que tu dois jongler avec ces galères là. Il y a plein de choses qui sont un peu contraignantes, mais ça fait partie du jeu.

Tu as un dernier mot à faire passer aux lecteurs de melty.fr ?

J'espère que l'album vous plaît, et je vous attend pour les dates du Zénith en avril-mai. Je suis impatient. Quand tu vas au studio, tu as l'impression de préparer un plat, et quand tu vas sur scène, tu le sers, pour que le public y goûte. Et j'aime bien les deux parties. La fabrication et la découverte du public.

Toujours un peu d'appréhension ?

Oui, mais c'est de la bonne adrénaline. Un mois avant de sortir un album je suis en déprime : je me dis toujours "c'est peut-être le dernier", et pour le coup je suis du genre à me dire, "s'il marche moins bien il faut que ce soit le dernier". Il faut au moins que ça stagne. Il ne faut vraiment pas s'accrocher à un public s'il n'est plus là.

Donc tu ne serais pas du genre à faire un autre style de musique pour essayer de raccrocher un autre public ?

Non. Si ton tour est passé, ton tour est passé. Il faut simplement l'accepter. Et pour ça, il faut oublier son égo. Moi je n'en ai pas, donc je m'en fous !

Merci Keen'V !

Merci à toi !

Source : http://www.melty.fr/keen-v-je-ne-serai-jamais-mature-exclu-galerie-1219606-2521240.html